Aller au contenu principal
Chargement…

Get Appointment

L'inspecteur Lecoq et l'affaire du suçon dans le cou

          L’inspecteur Lecoq, il faut le dire, c’est un fin limier. Du genre truffier. Pour résoudre une affaire, c’est l’homme qu’il faut, et justement, j’avais un problème de taille. Comme d’habitude, je lui donnais rendez-vous dans un troquet.

– Inspecteur ! Je suis là ! J’ajoute à mon appel un signe timide de la main, qui, je le sais, me vaudra une moquerie. Peu importe, la situation est grave.

– Tah ! Petit garçon, arrêtez donc d’agiter vos mains comme un petit éventail, vous brassez plus d’air en parlant, je vous le dis.

Néanmoins, il s’assoit. Et déjà, je suffoque, je tremble, je dois lui dire.

– Mon cher Lecoq, je ne suis pas là pour l’une de nos conversations amusantes. Je suis, comme qui dirait, dans la merde.

– Mon vieux, mettez un peu de forme dans vos expressions : dites plutôt qu’en ce moment, vous collez à votre élément plus qu’à l’habitude.

– Ah ! Si vous le voulez : dans mon élément, je sombre.

– Alors quoi ? Vous avez tué l’un de vos huissiers ? C’est une panade à la Palmade ? Ou c’est plutôt Madame qui veut vous la jouer hashtag metoo ?

– C’est Madame.

– Oh, je vois. Faut cogner moins fort mon vieux.

– Vous n’y êtes pas Inspecteur ! Laissez-moi donc parler au lieu d’élucubrer ! Alors voilà, c’est Madame, mais elle va bien et – Dieu ! – jamais je ne lui ferais le moindre mal. Cependant, elle croit que je lui ai fait un mal tout moral : elle m’accuse de tromperie !

– Et qu’est-ce que vous voulez que ça me foute, mon vieux ?

– Je sais bien que vous n’êtes pas du genre à régler les soucis de mœurs. Mais dans mon histoire, il y a un mystère, et ça, c’est votre domaine !

– La tromperie, mon petit père, ça n’a rien de mystérieux. Encore que, une fois… Je vais vous raconter un de ces trucs, vous allez voir qu’on peut faire dans l’énigmatique…

– Non ! Pardonnez-moi inspecteur, j’aime vos récits, mais je joue ma vie ! Conjugale, du moins. Alors voilà ! Hier, nous étions allés à une course, type marathon. Nous ne sommes pas trop mauvais et avons terminé dans des délais honorables. Aussi, derrière la ligne d’arrivée, nous regardions nos camarades achever leur dernier kilomètre dans des délais moins raisonnables. Mais Madame, fatiguée, et pas vraiment à faire un mètre quatre-vingt au garrot, me demande de lui servir de piédestal. Moi, amant aimant et ami de ma mie, je la soulève, la pose sur mes épaules, et lui permets de voir au loin, par-dessus les passants.

– C’est passionnant…

– Encore une seconde ! Une fois l’événement terminé, je vais pour reposer Madame au sol, et voilà qu’en descendant, elle découvre l’indice d’un méfait : j’avais un suçon dans le cou. Je ne vous raconte pas la scène !

– Ah oui, épargnez-moi !

– Elle hurle ! Comme quoi, quitte à se faire sucer, fallait choisir la bite. À ce qu’il paraît, ça laisse pas de trace. Même que ça s’essuie.

– Et donc ? Vous n’êtes pas d’accord ? Je vous assure que votre dame a raison : ça nettoie, et avec les plus gingivales : ça récure.

– C’est que je n’ai rien fait ! Rien ! Pas une succion, a fortiori aucune pipette, zéro turlutte, pas même une jonglerie de balloches. Inspecteur, en vérité je vous le dis : je ne suis point coupable ! Elle ne me croit pas… Alors, comment prouver mon innocence ?

– Mais pourquoi diable voulez-vous prouver quoi que ce soit à une rombière ? Cette entreprise est vaine, car tout chez elles n’est que décret d’hymen.

– Ah ! Inspecteur ! Gardez donc vos sentiments sur la femme dans les tréfonds de l’époque archaïque dont vous provenez ! Moi je vis dans la modernité, figurez-vous, et je tiens à récupérer ma moitié par une démonstration de la raison.

– Tah ! C’est qu’il se rebelle le petit garçon ! Enfin, si vous voulez perdre votre temps, je peux bien vous y aider. Alors : enquêtons.

Procédons avec méthode. D’abord, cette trace est-elle bien réelle ?

Je lui montre ma nuque. Il l’examine.

Elle l’est, mon beau salaud. Un suçon tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Et vous m’assurez n’avoir rien fait de compromettant dans les jours qui précèdent ?

J’acquiesce.

La découverte s’est donc réalisée à l’issue d’un marathon. Remontons une à une les étapes de votre agenda. Décrivez-moi votre journée à la con.

– Eh bien, le marathon était en début d’après-midi, avec un départ Place de la Mairie. Alors nous nous sommes levés le matin, comme d’habitude. Je la bouscule, elle ne se réveille pas comme d’habitude. Sur elle je remonte le drap…

– C’est fini oui ?

– Pardon. J’ai préparé le petit déj’, j’ai bu mon café en lisant mon journal, j’ai pris ma douche, j’ai écrit pour mon propre torchon, tout journaliste que je suis, et puis voilà : il est déjà midi. Alors je prépare un repas protéiné comme il faut : œuf, blanc de dinde et fromage blanc.

– Eh bah mon vieux, vous êtes un gourmet !

– Après manger, on se change pour nos tenues de sport, et nous voilà partis vers la Place de la Mairie !

– C’est tout ?

– Oui !

– Et la veille ?

– Tout pareil, avec un jogging au lieu d’une grande course.

– Eh bah mon vieux, le quotidien chez vous ça n’évoque pas qu’un phénomène de presse !

– Alors ? Inspecteur ? Allez-vous m’aider ?

– J’ai déjà la solution !

– Ah ! Je savais que vous étiez l’homme de la situation !

– Une simple vérification s’impose, c’est la méthode de la police. Alors, montrez-moi une photo de votre femme en tenue de sport. Plan large S. V. P.

– Je vous demande pardon inspecteur ? Je ne suis pas sûr de comprendre…

– C’est bien parce que vous ne pigez rien à rien que vous me demandez de l’aide, non ?

Sans répondre, hélas, je lui montre une photo qui traîne sur mon téléphone. Il ne la regarde pas plus d’une seconde, et s’exclame :

– Ahah ! Un classique chez la sportive amatrice !

– C’est-à-dire ?

– Un camel toe mon petit pote !

– Un quoi ?

– Votre femme a la chatte en patte de chameau mon vieux. Une sorte de moufle bien prononcée, avec le pouce opposable, ou une pantoufle de ninja : vous visualisez ? Ça fait comme un sourire entre les lèvres, la faille béante de l’huître de mauvaise marée, ouverte avant même d’avoir été titillée. Alors, l’image vous vient ?

– Oui. Elle a les escalopes qui font publiquement sécession, et donc ?

– Et donc ? Pauvre homme… Vous n’êtes pas au fait ? La physique, la chimie, les sciences, tout cela relève de l’occulte pour vous ? Voici votre coupable : la pression atmosphérique.

– Mon cher Lecoq, prenez-moi pour un con à votre souhait, mais précisez votre conclusion ! Enfin ! Les enjeux sont grands !

– Quand vous avez porté Madame grosse motte, pardon, mais quand vous l’avez portée sur votre dos, son poids l’a appuyée tout contre votre cou. Hélas ! L’air contenu dans l’espace proéminent de sa milanaise s’est échappé, créant du vide : on passe d’une pizza aux anchois à une calzone. La pression de l’air ambiant a créé un effet ventouse : à l’intérieur du bouzin, votre peau a subi une forte succion. Le temps que cela a duré, vous tenez un bon suçon, en plein sur la nuque.

– Bravo inspecteur !

– Bon courage pour expliquer à Dame momotte, d’une part qu’elle a tort, et d’autre part qu’elle est elle-même la coupable. Le tout sans insister sur les dimensions de son marmouzet. Vous feriez bien de vous inventer une aventure, ça vous serait moins coûteux.

– Ah ! Merci inspecteur ! Je cours rétablir la vérité !


 

Vous avez aimé ?

Ainsi sont les policiers ! L’inspecteur Lecoq résout le mystère du suçon avec brio ! Ce malentendu conjugal, lié à un marathon et une pression atmosphérique, prouve son talent de détective. Enquête policière, humour et vie de couple : une aventure captivante qui rétablit l’innocence et la vérité dans une relation sportive !

Si vous avez aimé cette poésie grivoise, n’hésitez pas à :

Continuez à lire notre littérature grivoise, à la partager, et surtout… Cocoricouille !

Abonnement Abonne toi !

Dernières publications

Premium Le nouveau chaperon rouge
Les contes du coq

Le nouveau chaperon rouge : toujours le loup !

Il était une fois le petit chaperon rouge, une belle adolescente chétive et attentionnée. Un jour qu'elle amenait des produits à sa mémé, elle recontra le méchant loup... Dans cette version moderne du compte, le loup, lui, n'a pas changé...
Temps de lecture: 3min • Signé: Bitos
Premium Mère-grand et la vache allemande
Les histoires du coq

Mère-grand et la vache allemande

Mère-grand, y'a pas à dire, elle a plus toute sa tête. Le Post traumatic stress disorder lui cause des absences prolongées. Quelques fois, elle en revient, l'occasion pour elle de me conter une histoire. Cette fois là, ce fut celle de la vache allemande... Je la préfère mutique ma mémé !
Temps de lecture: 4min • Signé: Lactère
L'inspecteur Lecoq et l'affaire de la léproserie
Les histoires du coq

L'inspecteur Lecoq et l'affaire de la léproserie

L'inspecteur Lecoq nous raconte sa nouvelle histoire policière. Aujourd'hui, le récit de son enquête criminelle implique une drôle de léproserie.
Temps de lecture: 5min • Signé: Chirb
Le fourreur du bal
Les poèmes du coq

Le fourreur du bal

"Le dormeur du val" d'Arthur Rimbaud ? Non, "Le fourreur du bal" d'Arthur Riz-de-veau, son crétin de cousin...
Temps de lecture: 1min • Signé: Chirb
Les confessions zoocturnes
Les histoires du coq

Les confessions zoocturnes

Jeannot et Berthe forment un couple de paysans des plus honnêtes, vivant en compagnie de toute leur ménagerie. Hélas, Jeannot est ronfleur. Hélas, Jeannot est crédule. Cela va le conduire à de terribles confessions nocturnes.
Temps de lecture: 5min • Signé: Lactère
La Grosse Bertha avec un chien de berger.
Les histoires du coq

La Grosse Bertha

Vous connaissez la blague sur la femme moche qui va au supermarché ? En tout cas, cette histoire là, c'est sur que non !
Temps de lecture: 4min • Signé: Lactère