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Un policier discute avec un journaliste à propos d'un fauteuil roulant

          Ah ! Ce que j’aime visiter mon ami l’inspecteur Lecoq. Il a toujours l’une de ces anecdotes improbables, comme seul un flic peut vous en donner. On se retrouve au café La Belle Bretonne pour partager un cidre : moi, je lui montre mes petits écrits du mois, et lui me porte des nouvelles fraîches du commissariat.

- Alors, comment vont vos affaires dans la police ?

- Bien ! Très bien même, tout roule si je puis dire. Tiens, d’ailleurs, en parlant de roues, j’ai quelque chose à vous raconter, mais ne publiez pas ça dans votre saloperie de feuille de chou !

- Non ! Non bien sûr… – il a beau être un fin limier, il n’en demeure pas moins crédule ce Lecoq – je n’en dirai pas un mot ! Pas un ! Maintenant, je veux tout savoir !

- Il y a de ça quelques semaines, nous avons reçu le témoignage inquiétant d’une éducatrice spécialisée. Vous savez ? C’est l’une de ces bonnes femmes qui s’occupent des handicapés, qui leur font les soins, la toilette, et qui réparent leur fauteuil roulant, le cas échéant. Elle nous rapporte que parmi ses protégées, de vilains symptômes sont apparus… Comme une épidémie qui les toucherait tous...

- Quel genre de symptômes ?

- Du genre qui ne se dit point…

- Dites toujours !

- Du genre anal…

- Oh…

- Alors, bien sûr, nous autres qui ne sommes pas docteurs, nous n’avons pas besoin d’avoir fait médecine pour savoir qu’un virus, ça ne sodomise pas son hôte. L’origine du mal est humaine, du genre taré, taré membré, mais taré quand même. D’avance, je le sais, vous allez me dire que j’exagère, que tout ceci n’est que fadaises et que je fais mon intéressant. C’est ignorer la nature humaine, la réalité du monde, l’existence de la misère, de la solitude, des déviances de toutes sortes, et puis de manière générale, pour le dire d’un euphémisme, d’une certaine « disparité dans la répartition des qualités intellectuelles et physiques entre les hominidés ». Ce qui vaut ici, d’ailleurs, tant pour les agresseurs que pour les agressés. En tout cas, ces pauvres handicapés étaient les innocentes victimes d’un odieux criminel.

- Je vous crois mon bon Lecoq, je vais vomir, mais je vous crois.

- Alors, nous avons mené notre enquête : mise sous surveillance de la clinique spécialisée, filature, interrogation de témoins, exploitation des indices numériques, analyse des prélèvements biologiques, tout le tintouin. Et on a fini par mettre la main sur un certain Dédé… Je dois dire que tous nos efforts n’ont pas été fort utiles, car c’est le hasard qui nous a mis face à ce salaud. Tandis qu’on achetait des provisions pour l’anniversaire du commissaire (je vous passe les détails des fournitures), une dame a profité de notre présence dans la supérette pour nous signaler un forfait. Un vilain monsieur s’était amusé à soulever la jupette de sa jeune fille, atteinte, tenez-vous bien, de trisomie 21. Même, dit-elle, le gars, se prenant pour la sainte vierge à Lourdes, aurait tenté une imposition des mains pour soigner la petite.

- Mon petit doigt me dit qu’il s’est plutôt soigné à imposer ses mains lourdes sur les seins de la petite vierge.

- Je vais engager votre petit doigt dans ma brigade. Quoi qu’il en soit, on passe les pinces de crabe à ce crade, qu’on enfourne dans le panier à salade et qu’on envoie mijoter en cellule.

- Et je parie qu’après vous avez cuisiné cet enculé !

- Oui, mais surveillez votre langage, voulez-vous... Le terme exact ici est : « enculeur ». Car bien sûr, on apprend vite que le violeur en série de la clinique n’est autre que lui, Dédé, le technicien de surface de l’établissement.

- Il n’a pas lustré que les sols…

- Effectivement, il profitait des faiblesses de ses victimes, soit qu’elles aient un truc en moins dans leur case en trop, soit qu’elles ne puissent mouvoir l’ensemble de leurs membres. Cependant, on avait tout de même à faire à un récalcitrant. Au bout de quelques heures, après examen des empreintes papillaires et autres, on disposait d’une orgie de preuves à charge. Et lui, pas un aveu, rien, que tchi. Le procureur nous dit de prolonger sa garde à vue, on partait pour une cuisson lente : quarante-huit heures.

- Et alors ?

- Alors ? Alors j’ai réussi à le coincer par un habile tour de force ! En France, une garde-à-vue, ce n’est pas tout à fait une séance de torture. Notre client reste présumé innocent, et on n’a pas encore le droit de faire crever de faim nos présumés honnêtes concitoyens. Donc, on devait le nourrir, le Dédé. Je suis allé voir en cuisine ce qu’on avait pour lui (c’est-à-dire que je suis allé fouiller dans le frigo du réfectoire, voir s’il n'y avait pas un reste du midi qui traînait)… Et... Bingo ! Des nuggets de poulet ! Je les ai mis au four, que j’ai réglé sur « beaucoup trop chaud » et que j’ai minuté sur « beaucoup trop longtemps ». En sortie de cuisson, j’avais des petits carrés cramés, secs comme un coup de trique et durs comme un jour sans pain. Immangeables. J’ai ajouté un trait de ketchup sur le côté de l’assiette – style grand palace – et zou : je lui ai servi ça encore chaud.

Forcément, le Dédé, même s’il n’est pas gourmet pour un sou, il n’a pas touché à son assiette. Je lui lance « vous n’aimez pas le poulet ? », il répond « non... ». J’attends un peu, le temps de laisser planer un peu de perplexité, et j’ajoute : « ah... vous préférez les légumes ? », ce à quoi il rétorque « oui... » et moi, triomphant : « mes chers collègues, notez bien l’aveu de monsieur : il préfère les légumes ! »

- Mais quel stratège ! Et ça va marcher devant un tribunal ça ?

- Tu connais la formule : « tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous » !

Vous avez aimé ?

Ainsi sont les crimes : sordides ! Cette enquête captivante menée par l’inspecteur Lecoq, et narré par lui au café La Belle Bretonne révèle la noirceur d’un odieux forfait. Entre filature, indices numériques et aveux, la justice triomphe face au violeur en série. Heureusement, les pauvres victimes de la clinique spécialisée sont sauves !

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Continuez à lire notre littérature grivoise, à la partager, et surtout… Cocoricouille !

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